Par Andrew Korybko - Le 16 août 2025 - Source Blog de l'auteur
Il incombe maintenant à Zelensky de rendre la pareille à la volonté largement perçue de Poutine de faire des compromis pour la paix.
Poutine et Trump ont publiquement confirmé qu'ils avaient trouvé un terrain d'entente au cours de leurs pourparlers de trois heures à Anchorage, mais aucun grand compromis sur l'Ukraine n'a été atteint en raison de "quelques points d'achoppement importants... Dont un est probablement le plus important" qui restent non résolus selon Trump. La réaffirmation par Poutine de la nécessité "d'éliminer les principales causes du conflit" et la mention par Trump de la façon dont Zelensky "devra être d'accord" avec ce que les États-Unis ont accompli jusqu'à présent laissent fortement entrevoir ce que cela pourrait être.
Pour rappel, les objectifs officiels de la Russie dans le conflit sont de : démilitariser l'Ukraine ; la dénazifier ; restaurer la neutralité constitutionnelle du pays ; et obtenir la reconnaissance de la réalité sur le terrain. Poutine a suggéré qu'il était devenu plus flexible ces derniers temps, ce qui fut, au moins en partie, la raison pour laquelle lui et Trump se sont rencontrés, ainsi que l'évaluation positive par Trump de leurs pourparlers, de sorte qu'il pourrait hypothétiquement faire des compromis sur un, certains ou tous ces objectifs. Cela donne à Zelensky la responsabilité de rendre la pareille.
Dans l'ordre où les objectifs de Poutine ont été mentionnés, Trump s'attend donc probablement à ce que Zelensky accepte soit : de réduire la taille de ses forces armées après la fin du conflit ; d'amener la Rada à criminaliser la glorification des collaborateurs nazis ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale et/ou d'annuler la législation antirusse ; de retirer l'amendement constitutionnel de 2019 sur la demande d'adhésion à l'OTAN ; et/ou de modifier la constitution pour céder plus facilement des terres sans avoir d'abord à organiser un référendum réussi sur ce sujet.
Trump a également déclaré qu'il "demanderait à l'OTAN", faisant probablement référence aux dirigeants des principaux pays de l'OTAN, de faciliter un grand compromis en conséquence : accepter de ne pas déployer de troupes en Ukraine et/ou accepter de réduire les exportations d'armes vers celle-ci en « encourageant de manière créative » la Rada à adopter les réformes sociopolitiques, de neutralité et/ou de cession territoriale susmentionnées (par exemple en menaçant de réduire l'aide s'ils ne le font pas) ; et/ou déclarant explicitement qu'ils n'approuveront plus la candidature de l'Ukraine à l'adhésion à l'OTAN.
Ils pourraient ne pas le faire volontairement cependant, il est donc possible que Trump puisse : réduire considérablement ou même abandonner l'ampleur du stratagème de la mi-juillet visant à vendre de nouvelles armes américaines à l'OTAN pour les transmettre à l'Ukraine ; menacer de couper tous les liens militaires avec tout pays qui déploie des troupes en Ukraine ; menacer d'imposer davantage de droits de douane aux pays qui "n'encouragent pas de manière créative" la Rada à adopter les réformes susmentionnées ; et/ou menacer de réduire le rôle des États-Unis dans l'OTAN si les membres ne déclarent pas explicitement leur opposition à l'adhésion de l'Ukraine.
Si Trump et ses subordonnés de l'OTAN convainquent Zelensky d'accepter certains de ces compromis, alors Poutine pourrait accepter : que l'Ukraine conserve une armée plus importante que ce qui avait été convenu dans le projet de traité de paix du printemps 2022 ; ne pas poursuivre une dénazification à part entière (par exemple, accepter tacitement que des traces de cette idéologie resteront dans la société ukrainienne) ; ne pas s'opposer à la coopération bilatérale limitée de l'Ukraine avec les membres de l'OTAN ; et/ou geler indéfiniment les revendications territoriales de la Russie (c'est-à-dire les conserver mais ne pas les poursuivre activement).
Cette voie vers un grand compromis pourrait être perturbée par : une provocation sous faux drapeau ukrainienne contre des civils qui retournerait Trump contre la Russie ; une provocation sous faux drapeau ailleurs, comme dans la mer Baltique, dans le même but ; et/ou toute expansion sérieuse de la campagne terrestre de la Russie au-delà des régions contestées. Cependant, Trump pourrait ne pas être induit en erreur par ces faux drapeaux tandis que Poutine pourrait limiter la portée de l'opération spéciale en tant que "geste de bonne volonté". La paix sera donc finalement possible si Zelensky accepte de faire des compromis.
Andrew Korybko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.